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Greater Region Business Days 2013

Publié le 30 Juin 2013 par Philippe Roseren in Business

Encore un long chemin à parcourir

Intérêts divergents, barrières linguistiques, institutionnelles et administratives, telles furent, sans surprise, les principales problématiques soulevées lors du colloque réunissant les acteurs politiques de premier plan des différentes entités de la Grande Région. LG Magazine a pu recueillir, à l’issue de la table ronde, le témoignage de deux des invités de marque, Eveline Lemke, Vice-ministre-présidente de la Rhénanie Palatinat, et Xavier Bettel, bourgmestre de Luxembourg-Ville, avant de donner la parole à

Madame Lemke, quelques mots sur la Foire qui se tient ici à Luxexpo?

EL: La Foire est très bien organisée, on y trouve différentes niches. Les entrepreneurs peuvent y faire tranquillement connaissance de même que les collaborateurs de chacune des chambres de commerce ou de l’industrie de la Grande Région. L’architecture du salon est intéressante ; un marché dynamique implique que l’on se rencontre pour réaliser des affaires, ce que cette foire, telle qu’elle a été conçue, rend possible.

Quelle est le poids de la Rhénanie Palatinat au sein de la Grande Région?

EL: Tout d’abord, soulignons que nous avons actuellement la présidence de la Grande Région. Nous nous réjouissons des défis que nous avons à relever, notamment dans le domaine de l’énergie, une thématique qui est au centre de nos préoccupations cette année et qui nous a conduits à organiser un sommet sur l’énergie. De fait, nous souhaitons mettre sur pied une agence de l’énergie commune.

Plus généralement, en tant que région la plus peuplée, la Rhénanie Palatinat endosse des responsabilités importantes.

Qui de la Rhénanie Palatinat ou du Luxembourg peut-on considérer comme la locomotive de la Grande Région?

EL: Il y a différents moyens pour parvenir à des processus qui s’inscrivent dans une démarche ‘bottom up’. Le plus fort est celui qui réussit à monter les meilleurs projets impliquant un maximum d’acteurs. Aujourd’hui, je me retrouve au Luxembourg et je réalise que c’est ici, aux Greater Region Business Days, que tout se passe.

Le problème des barrières linguistiques est souvent revenu sur la table, aujourd’hui, durant le colloque. Votre collègue de la Sarre Heiko Maas, Vice-ministre-président de la Sarre, a annoncé, à l’occasion de cet événement, que les autorités sarroises imposeront le bilinguisme français/allemand, à l’avenir, dans le système scolaire. Suivrez-vous l’exemple dans votre Land?

EL: Il faut savoir que dans notre Land, l’apprentissage d’une langue étrangère à l’école est également obligatoire, voire même de deux pour ceux qui passent le baccalauréat. Alors certes, on ne peut pas parler de bilinguisme au sens où mon collègue l’entend, mais l’on peut aisément prétendre que nos élèves sortent du système en maîtrisant plusieurs langues.

Pour autant, cela ne doit pas forcément être le français. Entre nous, combien sont les Français qui maîtrisent la langue allemande? Personnellement, je constate que dans les échanges franco-allemands, la langue de référence est l’anglais.

Il a également été beaucoup question de tourisme pendant ce colloque, à ma grande surprise. Celui-ci joue-t-il un rôle à ce point éminent?

EL: Absolument. Sachez qu’en Rhénanie-Palatinat, un emploi sur cinq est dans le secteur du tourisme, ce qui est considérable. Il faut savoir que nous avons mis en place une stratégie ambitieuse dans ce domaine, à grande échelle géographique, c’est-à-dire dépassant le seul cadre de la Grande Région, afin que l’activité touristique rhénane et mosellane soit identifiable au niveau européen et même bien au-delà, et profite à l’ensemble de la Grande Région.

Xavier Bettel, quelles sont vos impressions personnelles sur cette deuxième édition des ‘Greater Region Business Days’?

XB: Un tel événement est l’occasion d’apprendre à connaître son voisin, ce qui est une très bonne chose. Il est important d’exporter ensemble cette notion de Grande Région et de monter le potentiel qu’elle détient au-delà des frontières européennes. Car malgré la taille réduite de la Grande Région, tous les types de services existent, et si nombre de régions lointaines du globe en prennent connaissance, nous pourrons gagner en attractivité.

On parle beaucoup d’unité et de synergies, mais, ne nous voilons pas la face, la concurrence entre les régions est féroce…

XB: Bien évidemment, et c’est d’ailleurs un point que j’ai soulevé. Maintenant, il faut savoir dépasser ces antagonismes: si de grands projets doivent être réalisés, mieux vaut que nous les fassions ensemble que les voir partir à Paris ou Hambourg, par exemple.

Sans transition, vous avez fait savoir lors du colloque que vous regrettiez que les villes n’étaient pas représentées au sein de la Grande Région…

XB: En effet. Chaque année a lieu un sommet de la Grande Région qui réunit les exécutifs de la ou des régions de chaque pays qui composent la Grande Région, et il est dommage que les villes n’y soient pas représentées. Aussi, avec mes collègues maires des villes de Trèves et de Sarrebruck, nous sommes en train de créer une présidence des villes de la Grande Région, afin qu’elles soient représentées au sein de celle-ci et puissent ainsi participer au débat. Quoi de plus normal après tout: ce sont les villes qui sont en contact le plus direct avec les citoyens.

Madame Pédon-Flesch, après les réactions des politiques Eveline Lemke et Xavier Bettel que nous avons recueillies à l’issue du colloque, nous souhaiterions nous adresser au monde de l’entreprise. Vous dirigez une TPE à Metz spécialisée dans les études de diagnostic des milieux aquatiques et êtes également à la tête ‘Entreprendre en Lorraine Nord’, un réseau économique qui englobe 150 entreprises, des TPE aux multinationales. Quelle est la collaboration économique entre la Lorraine et le Luxembourg ?

AP: Il faut, comme il l’a été dit lors de la table ronde par les politiques, que des actions concrètes soient mises en place, que les choses avancent pour les entrepreneurs et pour le dynamisme de la région. Pour ce faire, nous avons donc mené au niveau de notre association plusieurs actions: nous avons fait un mariage des entreprises l’an passé lors de la première édition des ‘Greater Région Business Days’, mis à l’honneur le Luxembourg lors du ‘Salon à l’Envers de Lorraine’, (1) qui se tient tous les ans à Thionville, et signé un partenariat avec la Chambre de commerce de Luxembourg.

Outre les problèmes linguistiques avec vos voisins allemands, quid des barrières administratives que vous rencontrez dans vos échanges économiques avec le Luxembourg, la Rhénanie Palatinat, la Sarre et la Wallonie?

AP: Les barrières administratives entre nos différents pays sont un obstacle qui remonte à la nuit des temps, pour ainsi dire. Aussi, la question de la zone franche revient toujours sur le tapis. Pourquoi n’aurions-nous pas une politique administrative commune à un endroit déterminé permettant aux entreprises de se développer dans un ou plusieurs secteurs définis? Il est agaçant pour les entrepreneurs de constater que le problème est soulevé en permanence depuis des années, mais que rien n’est fait sur le terrain pour le résoudre.

PhR

(1) Le ‘Salon à l’Envers’ est un salon régional économique imaginé par ELN qui a pour particularité que ce sont les donneurs d’ordre, les grandes entreprises qui sont à l’honneur

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