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‘Digital Lëtzebuerg’, un «outil de coordination»

Publié le 8 Mars 2015 par Philippe Roseren in Business

Interview - Chambre de Commerce

«Il ressort de cette première demi-journée que le Luxembourg n’est plus un ‘nouveau venu’ dans le domaine de l’ICT, que le pays a su jusqu’à présent tenir le rythme effréné des évolutions dans ce secteur et qu’il est également bien placé dans le classement au niveau de l’innovation», martèle Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce, faisant référence au regard porté par les experts IT étrangers sur le Luxembourg quant au déploiement de sa stratégie numérique, ceci à l’occasion de la première partie des Journées de l’Economie 2015. Entretien.

Le gouvernement a présenté en octobre sa stratégie numérique, ‘Digital Lëtzebuerg’, destinée à faire du Luxembourg une « smart nation » moderne. Effet d’annonce ou réelle volonté politique ?

Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un effet d’annonce, mais clairement d’une réelle volonté politique. En effet, le secteur ICT est un de ces secteurs amenés à jouer un rôle déterminant dans la diversification de l’économie voulue par le gouvernement, et cela fait d’ailleurs plusieurs décennies que ce secteur revêt une certaine importance pour le Grand-Duché, d’abord avec l’implantation de SES, puis du groupe RTL, ensuite de plusieurs opérateurs dans le domaine du e-commerce, et, enfin, de toute une série d’acteurs gravitant autour de ces sociétés à portée internationale. Le gouvernement a donc compris depuis un certain temps déjà qu’il fallait miser sur ce secteur, ce qui est passé notamment par la mise en place d’un cadre législatif favorisant le développement du commerce électronique au début des années 2000. Le secteur ICT s’est par ailleurs inscrit au fil du temps comme un prestataire de services incontournable pour les autres secteurs, comme la place financière, l’industrie, les technologies de la santé et la logistique. Fort de ces évolutions, le gouvernement a finalement décidé d’appuyer sur l’accélérateur il y a quelques mois en proposant cette stratégie ‘Digital Lëtzebuerg’, qui est à mon sens un outil de coordination efficace, rassemblant les initiatives privées et publiques.

Autour de quels piliers s’articule ce programme ?

‘Digital Lëtzebuerg’ a pour vocation de faire un état des lieux de l’existant dans le domaine de l’ICT, un inventaire puis une évaluation des projets en cours et en planification, avant de définir une stratégie d’ensemble cohérente et d’identifier de nouveaux axes de développement potentiels. La dernière étape consistera dans la promotion concertée de cette stratégie vers l’extérieur. Au niveau des piliers à coordonner en tant que tels, on peut citer notamment les FinTech, la cyber-sécurité, le soutien à l’innovation et l’entreprenariat, les compétences numériques, le Content hub et l’administration en ligne.

Si le Luxembourg excelle à certains égards, notamment au niveau des infrastructures, des lacunes de taille subsistent, notamment au niveau des compétences numériques ou « e-skills » en anglais. Ne manque-t-il pas d’une culture scientifique au Grand-Duché pour parvenir à se positionner dans l’ICT comme des pays tels que Singapour ?

Tout d’abord, permettez-moi de rebondir sur la question des infrastructures que vous soulevez. Nos infrastructures sont performantes, mais compte tenu de la rapidité de l’évolution de ce secteur, il ne faut pas se reposer sur nos lauriers. Pour revenir sur votre question, la formation et les qualifications sont effectivement le défi par excellence dans le cadre de cette stratégie, compte tenu de la pénurie de profils hautement qualifiés dans l’ICT au Luxembourg, qui sont la condition sine qua non à la réussite du développement du secteur. Le pays investit dans la formation dans cette branche d’activités, et plusieurs offres existent d’ores et déjà, que ce soit au niveau universitaire ou dans la formation sectorielle et continue. A la Chambre de Commerce, nous avons prévu dans le cadre de la formation continue de proposer des formations IT spécifiques au sein de la ‘House of Training’. Il ne faut cependant pas se leurrer, ces efforts très louables ne suffiront pas, il faut pouvoir continuer à attirer des talents au Grand-Duché, même si ce n’est pas chose aisée, le vivier au Luxembourg et dans la Grande Région n’étant pas suffisant et la concurrence internationale étant rude.

La Chambre de Commerce a été comme chaque année l’hôte des Journées de l’Economie le mois dernier, très largement dominées par la question de l’économie digitale. Que faut-il retenir de la première demi-journée entièrement dédiée à cette thématique ?

Il ressort de cette première demi-journée que le Luxembourg n’est plus un «nouveau venu» dans le domaine de l’ICT, que le pays a su jusqu’à présent tenir le rythme effréné des évolutions dans ce secteur et qu’il est également bien placé dans le classement au niveau de l’innovation. Impossible par ailleurs de ne pas retenir la bonne nouvelle annoncée par la secrétaire d’Etat Francine Closener, à savoir que le Luxembourg a été retenu par Interpol pour héberger son futur centre de données. Par ailleurs, le discours de Dominique Roux, membre du Cercle des économistes à Paris, a été très remarqué, lequel pointe la transformation d’une économie classique vers une économie immatérielle, et les efforts que cela suppose aux autorités nationales pour suivre le mouvement, que ce soit au niveau des qualifications, du cadre légal, fiscal ou encore infrastructurel. En définitive, le tableau dressé par les experts des TIC sur le Luxembourg était plutôt optimiste, et, pour ma part, j’attends encore beaucoup de la présidence luxembourgeoise de l’UE, qui peut s’avérer un formidable tremplin pour promouvoir et développer davantage ce secteur, ainsi que des efforts consentis dans le cadre de la nouvelle stratégie de ‘nation branding’, qui ne vont pas manquer de porter leurs fruits sur le moyen et long termes. PhR

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